Congrès du PLQ - Pour une riposte ouvrière contre tous les exploiteurs!

Tract distribué lors des manifestations du 19 et du 20 novembre, 2004 à Montréal

Ostie de crosseur! Dehors le bouffon! On a pas voté pour ça! Les titres des tracts et des affiches appelant à manifester à l’occasion du congrès du PLQ témoignent d’une colère réelle. Et pour cause! Après s’être attaqué au Code du Travail et aux services de garde à l’automne 2003, le gouvernement libéral s’en prend maintenant à l’accès à l’éducation et aux sans-emploi. Nous avons lu à quelque part qu’après s’être attaqué aux travailleurs et aux travailleuses, l’État s’en prenait maintenant aux jeunes et aux pauvres. Or, l’offensive étatique ne vise qu’une seule cible: la classe ouvrière. En sabrant dans le régime des prêts et bourses, le gouvernement ne restreint aucunement le droit à l’éducation des enfants de la bourgeoisie qui n’en ont pas vraiment besoin. Et lorsque les "anticapitalistes" parlent de "pauvres" plutôt que de prolétaires en référence aux sans-emploi, ils et elles rejoignent le camp des curés, des politiciens et des bons bourgeois de Centraide qui veulent nous faire croire que nous cessons d’être des travailleurs et des travailleuses du moment que le patron nous montre la porte. Ce sectionnement de ce que nous sommes - la classe ouvrière - promu par ceux et celles qui prétendent nous défendre, ne sert qu’à masquer la véritable nature des coupures de Charest et Cie, i.e. une offensive bourgeoise contre l’ensemble de notre classe.

Il en va de même en ce qui a trait à l’identification de l’ennemi à abattre. Depuis des décennies, chaque congrès de parti gouvernemental s’attire des foudres "contestatrices" et des manifestations populaires. Chaque Premier ministre est ciblé personnellement. Il faut toujours se débarrasser de ce crosseur ou de ce bouffon. Mais pour le remplacer par qui et par quoi? Les personnalités syndicales et communautaires qui prétendent parler en notre nom n’osent pas toujours le clamer ouvertement mais n’est-il pas remarquable de les retrouver si souvent, quelques années plus tard, sur les bancs du prochain parti gouvernemental qui dans l’alternance "démocratique" nous fera la peau à son tour? Toute cette mascarade contestataire, ces parades savamment chorégraphiées pour nous donner l’impression qu’on a fait de quoi, ces discours indignées pour nous convaincre qu’on a été défendu, ne sont que partie prenante des institutions étatiques bourgeoises qui nous étranglent de plus en plus.

Mais que faire d’autre nous direz-vous? La réponse tient d’abord dans la compréhension réelle des enjeux de notre combat. Jean Charest ou Bernard Landry avant lui ou celui ou celle qui lui succédera ne gouvernent pas comme ils le font par manque d’intelligence ou par désir conscient de nous faire du mal. Ils gouvernent comme ils le font parce que c’est la seule façon de gouverner dans le cadre du système actuel. Nous nous expliquons: l’offensive antisociale que nous subissons au Québec est la même que subissent nos frères et nos sœurs à l’échelle de la planète. Cette offensive s’exerce dans un monde de crises et de guerres permanentes. Comme nous l’écrivions dans notre tract du premier mai dernier: elle est la réponse d’une classe dangereuse-la bourgeoisie - confrontée à la crise profonde qui secoue son mode de production capitaliste depuis plus de 30 ans. Cette crise est causée par ce que Marx a identifié comme la baisse tendancielle de son taux de profit moyen. Juste aux États-Unis, dès la fin des années 60, cette chute atteignait 35% par rapport aux chiffres des années 50. Par la suite, le même phénomène s’est manifesté dans tous les pays capitalistes avancés avec une rapidité et une intensité diverse mais toujours vérifiable. Ces taux de profits peu élevés ont eu pour conséquence de ralentir graduellement, mais constamment, la production de marchandises et de services. Grosso modo, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) était de 5-7 % dans les années 50, de 3-4% dans les années 60-80 et s’est réduit à environ 2.5 % dans la dernière décennie. Cette dynamique négative a favorisé l’intervention massive de l’État pour soutenir artificiellement les secteurs productifs nationaux, des années 60 jusqu’au début des années 80. Tous ces efforts de l’État bourgeois n’ont pas réussi à redresser la barre et n’ont contribué qu’à endetter dramatiquement les pays capitalistes avancés avec des taux d’endettement atteignant les 60 à 120% du PIB! Confrontée à cet échec, la bourgeoisie mondiale en est arrivée à l’hypothèse fausse que l’État était la cause de ses crises économiques, alors qu’il n’est que le garant principal de sa domination. 15 années de néo-libéralisme et de mondialisation plus tard, le capitalisme s’est enfoncé encore davantage dans une crise mondialisée qui a mené le système et ses États au bord de la banqueroute (pensons à l’Argentine). Voilà donc la vraie raison des coupures et des contre-réformes de Charest. Voilà donc le problème étalé dans toute sa profondeur et sa complexité.

Le problème dépasse donc largement la personne de Charest ou l’institution qu’est le parti libéral. Le problème est structurel; il est social. Il ne peut être régler par un quelconque gouvernement de "gauche" qui se propose de gérer autrement l’exploitation de notre travail ou d’humaniser notre oppression. Les promesses des rackets de "gauche" que sont le SPQ-Libre, l’UFP ou Option-Matante d’un capitalisme "progressiste", d’une exploitation humanisée ne peuvent tout simplement pas être tenues. D’ailleurs, ce sont des gouvernements de "gauche" comme au Brésil et en Allemagne qui servent de modèles en matière de coupures dans les programmes sociaux de par le monde.

C’est donc au système, au mode de production lui-même que nous devons nous en prendre. Irréaliste, dites-vous? Ne venons-nous pas de démontrer que c’est la dynamique-même du capitalisme qui nous mène à notre perte. Trouvez-nous un seul économiste qui ait trouvé une solution durable au mécanisme des crises inhérentes au capitalisme! Et d’ailleurs, ce capitalisme, qu’a-t-il à nous offrir? Des crises et des guerres bien sûr... Mais prenez la peine d’étudier en profondeur le monde que nous habitons. Nous y constatons la dévastation environnementale, l’accentuation des oppressions spécifiques, l’attisement des haines nationales et religieuses et, ne l’oublions surtout pas, les menaces à la survie même de notre espèce!

C’est donc finalement un combat pour la survie que nous devons entreprendre avec la conscience, les moyens et le rapport de force qu’il faut. Et ça, c’est pas mal plus qu’une campagne de graffitis contre tel ou tel crosseur ou un chahut dans un congrès de vautours, qu’ils et elles soient rouges, bleus, verts ou même roses! Pour mener un véritable combat "anticapitaliste" (et non pas alter capitaliste), il faut rompre avec la logique syndicale et communautaire de la concertation; une concertation qui nous lie à un corps hostile, étranger et décrépit. Il faut aussi refuser les appels des poutres de soutien du capital que sont les partis réformistes et les mouvements citoyennistes. Plus que jamais, l’émancipation de la classe exploitée ne peut se réaliser que par l’action autonome et révolutionnaire de la classe exploitée elle-même. Par la multiplication de nos luttes à partir de la base, par leur coordination croissante et armés d’une perspective, d’un programme et d’un parti vraiment révolutionnaire, nous pouvons encore espérer soulager l’humanité; une humanité grosse d’une révolution.

Contre le Parti libéral et contre tous les partis et toutes les institutions de la bourgeoisie! Contre les exploiteurs, leurs guerres et leur barbarie! Pour la riposte de la classe ouvrière et la lutte des classes! Pour un monde décent où il fera bon vivre! Pour le vrai communisme internationaliste! Prolétaires de tous les pays, unissons-nous!

Le Groupe Internationaliste Ouvrier, section nord-américaine du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire