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Karl Marx - Lettre à Kugelmann, 12 avril 1871
"Il a fait beaucoup d’argent..."
Suite à la démission surprise du chef du Parti Québécois, Bernard Landry, lors du Congrès de ce parti au début de juin, des effluves d’éloges et d’hommages à son égard ont émané du corps politique bourgeois. S’il faut croire le panégyrique, il aurait été un homme de devoir, de culture et de service; de conviction et de dévouement; un homme dont l’engagement social exprimait tout simplement la conception qu’il avait de sa personne, celle d’un simple serviteur de la "société". Il aurait été un social-démocrate "dans le vrai sens du terme", comme s’il s’agissait là d’un compliment... Cependant, lors de sa biographie diffusée au réseau TVA, au moins un journaliste a légèrement levé le voile doré qu’on s’apprêtait à déposer tout benoîtement sur sa carrière d’homme public.
En gros, le reportage en question révélait que "Bernard Landry a fait beaucoup d’argent à l’époque où il tenait salon au Ritz Carlton, en tant qu’un des principaux lobbyistes du Parti Conservateur de Bryan Mulroney, lors de la campagne en faveur de l’adoption de l’Accord de libre-échange nord-américain." On a pu alors voir Landry vanter certaines politiques sociales américaines, dont il disait que le caractère progressiste avait de quoi faire pâmer une certaine centrale syndicale québécoise... Nous savons très bien pour qui et pourquoi se pâment les syndicats québécois, mais là n’est pas le propos de ce billet. Notre propos est de faire le vrai bilan de son œuvre et ainsi évoquer un autre Bernard Landry, celui qui n’a pas été rappelé par les claqueurs intéressés que sont ses collègues et ses complices de la classe exploiteuse.
Le Bernard Landry dont nous nous rappelons est le Bernard Landry qui, à l’époque où il était le Ministre des Finances en 1996, a piloté l’opération du fameux Déficit Zéro et son deux milliards de coupures dans les programmes sociaux. C’est le même social-démocrate qui de 1997 à l’an 2000, présida à une réduction totale de 20% des budgets de la Santé, de l’Éducation, de l’Aide Sociale et de l’Environnement. Ce militant "honorable" sera un acteur important, en tant que ministre influent du Cabinet Lévesque, lors de la campagne politique de 1981 contre "l’égoïsme" des travailleurs et des travailleuses du secteur public, ce qui aboutira à une coupure de salaire de 20% à leur endroit. Le Landry que nous connaissons est le nationaliste enragé qui s’attaqua à un commis d’hôtel, le soir de sa défaite au dernier référendum. Le Landry que nous n’oublierons jamais est le bourgeois dégueulasse qui a comparé défavorablement l’intelligence des mères de familles assistées sociales à celles des moineaux ou des hirondelles, car selon lui, au moins les oiseaux "trouvent le moyen de nourrir leurs enfants convenablement". C’est ce même Landry qui tenta de couper le déjeuner de 10 000 enfants en 1995... Belle logique Bernard! Enfin, et pour faire suite à tous ces plumitifs acoquinés et serviles qui louèrent son sens du devoir et du courage, nous rappellerons ce Bernard Landry, qui en 1986, étant temporairement éloigné des bancs de l’Assemblée nationale par les aléas de la vie électorale, fut un des seuls professeurs de l’UQAM à "s’illustrer" sur les lignes de piquetage, lors de la grande grève étudiante de cet automne-là. En effet, le professeur du Département des sciences administratives qu’il était alors, se faisait un devoir de jouer du coude et de tenter de franchir les lignes de piquetage des grévistes avec sa petite horde de petits coqs réacs et enragés.
Un homme de courage et de devoir disaient-ils...Un social-démocrate "dans le vrai sens du terme"? Certainement! Dans la tradition traîtresse et sanguinaire des Noske, Ebert et Scheidemann, ces réformistes pourris qui ont ordonné l’assassinat de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht; ces vendus qui se sont portés au secours du capital alors menacé. Landry a certes été un homme engagé, un homme de culture et de service. En effet, tout au long de sa vie, il fut engagé à s’enrichir, il cultiva les divisions nationales et il fut au service entier et intéressé d’un système exploiteur et perfide. Horresco referens...
Faillites individuelles et faillite sociale
Une nouvelle loi sur les faillites prendra effet aux États-unis, dès le 17 octobre 2005. Le Bankruptcy Abuse Prevention Act a été votée par le Congrès américain sans aucune obstruction de la part du Président Bush, et pour cause. La nouvelle législation constitue une attaque ouverte contre la classe ouvrière. En effet, celle-ci interdira l’accès aux dispositions de l’article VII de la loi sur les faillites à une grande partie des prolétaires. Par ces dispositions, une personne pouvait refaire sa vie suite à l’aliénation de ses avoirs à ses créanciers. Dorénavant, des millions de travailleurs et de travailleuses devront continuer à verser des sommes à leurs créditeurs, même longtemps après la liquidation de leurs biens.
La logique derrière cette loi reflète bien l’hypocrisie ainsi que la vision déformée et méprisante de la classe exploiteuse à notre égard. Son argumentation veut qu’il faille décourager les travailleurs et les travailleuses d’avoir recours à la faillite, car les raisons qui les y ont mené, étaient le plus souvent frivoles. Les bourgeois parlent d’endettement lié au jeu ou à la consommation abusive. Mais, il s’avère que les faillites chez les travailleurs et les travailleuses sont attribuables à des problèmes beaucoup plus terre-à-terre. En réalité, plus de la moitié des 1 600 000 cas de faillites répertoriés aux États-Unis en 2004 étaient attribuables à des frais médicaux trop élevés! Les autres causes majeures invoquées étaient principalement une mise à pied ou un divorce. Comme on peut le constater, les principaux motifs de la faillite ne sont pas superficiels. Ce que confirme une étude de l’Université Harvard qui démontre que 33% des ménages qui déposent leur bilan à chaque année aux États-Unis, vivent sous le seuil de la pauvreté déterminé par les institutions fédérales. Au moment où l’endettement individuel atteint des niveaux record, il est évident que cette nouvelle mesure contraignante aura un impact dévastateur sur des dizaines de milliers de ménages ouvriers.
En terminant, on ne surprendra pas notre lectorat en précisant que dans le cas des bourgeois, ceux-ci peuvent préserver tant leurs biens que leur capital, en utilisant une clause spéciale de protection de leurs actifs en fidéicommis. Pour ceux et celles qui ne voient là qu’un autre détournement de la démocratie par les Républicains et le clan Bush, il faut préciser que cette nouvelle outrance a bénéficié d’un important appui d’une forte minorité du Parti Démocrate. À notre sens, ces faillites dites individuelles exposent la faillite générale et sociale de ce monde dans lequel nous vivons.
Qui a dit que le crime ne paie pas?
Au début juin, un article du New York Times révélait que Philip Cooney, le secrétaire du Council on Enviromental Quality du gouvernement américain avait traficoté plusieurs rapports scientifiques gouvernementaux sur l’environnement en 2002 et 2003. Les interventions de Cooney, dont il faut signaler qu’il n’a aucune formation scientifique, allaient dans le sens d’édulcorer et de semer le doute sur les conclusions de ces rapports, en ce qui a trait aux changements climatiques et le réchauffement de la planète. Avant d’être nommé à son poste de conseiller de la présidence américaine en matière d’environnement, Cooney s’était signalé comme lobbyiste et responsable du programme climatique de l’American Petroleum Institute, ce qui en dit long sur le choix des conseillers choisis par l’État.
La Maison Blanche a d’abord tenté de soutenir Cooney en prétendant que ses initiatives étaient "scientifiquement judicieuses". Cependant, suite à l’ampleur des réactions du milieu des chercheurs, elle dû annoncer "la démission" de Cooney le 11 juin, tout en assurant que celle-ci n’avait absolument aucun rapport avec les révélations du Times. Monsieur Cooney n’a pas eu à s’inquiéter trop longtemps sur son sort toutefois. Trois jours plus tard, le géant pétrolier Exxon a annoncé par voie de communiqué, qu’elle venait d’accorder au trafiquant un poste encore non déterminé à sa direction. Celui-ci reprendra le boulot cet automne après des vacances "largement méritées". On peut se douter que ce boulot sera pour l’essentiel le même qu’auparavant et que l’État jugera ses opinions tout aussi "scientifiquement judicieuses".
Une parodie de révolutionnaire
Il se définit comme un "révolutionnaire réaliste" et la récente campagne référendaire sur le projet de Constitution européenne nous a permis de comprendre dans quelle réalité le penseur "néo-marxiste", Tony Negri s’inscrit. Théoricien de l’Autonomie ouvrière dans les années 70 et de la fameuse postmodernité, Negri s’est à nouveau imposé ces dernières années, en tant que théoricien de l’altermondialisme. Son livre Empire s’est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires dans plusieurs langues à travers le monde et est devenu une œuvre de référence pour l’intelligentsia bien-pensante ainsi que toute une génération de gauchistes. Certains critiques ont caractérisé le bouquin comme le nouveau Manifeste du Parti Communiste, ce qui ferait bien sûr de son auteur le nouveau Karl Marx. Ouais... C’est beaucoup dire pour quelqu’un qui avoue ne pas tellement aimer le mot socialisme. Après tout, quand l’auteur escamote la réalité de la classe ouvrière pour la glorification d’éventuelles multitudes interclassistes, à une époque où la réalité sociale est celle de la prolétarisation accrue et accélérée de l’humanité toute entière, il serait sans doute plus à propos de parler ici de prestidigitation plutôt que d’analyse critique. Ou encore, lorsqu’il substitue la réalité de l’impérialisme, en tant que stade actuel du mode de production capitaliste par la grossière simplification anti-américaine de l’Empire, au moment même où nous assistons à la construction ou à la reconstitution de nouveaux blocs impérialistes rivaux, force est de constaté qu’il fait abstraction de la dynamique beaucoup plus complexe du capitalisme, pour finalement tomber dans le roman de poche. Si les yankees seraient les méchants de l’histoire, qui donc seraient les "bons"?
Si tout cela se confinait à une discussion de salon, il n’y aurait peut-être pas beaucoup de mal. "La discussion sur la réalité ou l’irréalité d’une pensée qui s’isole de la pratique, est purement scolastique", constatait Marx. Cependant, après avoir chevaucher la rossinante malingre du mouvement altermondialiste et après avoir haranguer et mener ses tutti bianchi dans les culs-de-sac prévisibles du réformisme, notre illustre Don Quichotte s’est maintenant lancé dans un combat épique contre de nouveaux moulins à vent. Ainsi, en tandem avec l’ignoble Cohn-Bendit, il maestro Negri a fait campagne très activement pour le camp du oui à la nouvelle Constitution européenne. Son raisonnement, salué par à peu près tous les plumitifs serviles du journalisme français, est conforme et conséquent avec l’analyse qu’il a publiée dans L’Empire. Elle est simple et simpliste. Les États-Unis étant l’empire du mal, il pense qu’une Europe politiquement unie peut servir de contrepoids à "l’unilatéralisme" américain. Ce dernier serait capitaliste, conservateur et réactionnaire. Il prône donc de lui opposer un nouvel impérialisme élargi à peu près aussi capitaliste, conservateur et réactionnaire... En voilà une perspective pour les multitudes! Plutôt que de construire un pôle prolétarien, il propose de construire un nouveau pôle impérialiste. C’est à se demander quel bilan notre illustre pensatore tire de l’histoire des rivalités inter impérialistes au XXe siècle. Pour notre part, pauvres marxistes que nous sommes, le bilan est clair! Les contrepoids exercés par des impérialismes rivaux mènent à la guerre. Les prolétaires n’ont aucun intérêt à se mobiliser derrière leurs classes dirigeantes, ni en temps de guerre, ni en temps de paix. Toni Negri nous a finalement rendu un grand service. En appliquant pratiquement certaines des conclusions, provenant de "l’analyse" qu’il a mis de l’avant dans son best-seller, il a substantiellement déconsidéré sa personne et son œuvre. Le "nouveau Karl Marx" s’est dégonflé comme la baudruche prétentieuse qu’il a toujours été. Car, "c’est dans la pratique qu’il faut que l’homme prouve la vérité, c’est-à-dire la réalité, et la puissance de sa pensée, dans ce monde et pour notre temps." (Voir la deuxième thèse sur Feuerbach de K. Marx, 1845)
Désintéressement et capital
L’annonce de "l’annulation" de la dette de 18 pays pauvres, faite le 11 juin par le ministre des Finances britannique, Gordon Brown au nom du G8, a immédiatement été l’objet de félicitations et de commentaires élogieux à travers le monde. De l’organisateur des concerts Live 8 (1), Sir Bob Geldof aux porte-parole du Vatican en passant par Monseigneur Tutu, toutes les âmes charitables qui prodiguent leurs bons conseils aux "grands" de ce monde ont salué l’annonce en tant qu’une victoire historique contribuant a soulagé le sort de millions d’êtres humains. La déclaration de Brown faisait suite à une réunion préparatoire des ministres des Finances du G8 en vue du prochain sommet de cette institution, qui se tiendra à Gleaneagles en Écosse, du 6 au 8 juillet.
Le G8 réunit les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et la Russie. La proposition adoptée est d’annuler le paiement de la dette de 40 milliards due par un contingent de 27 pays à la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement, pour la période allant de 2005 à 2015. Cette "annulation" de la dette n’en est donc pas vraiment une. En fait, la mesure ne coûtera qu’un maigre 2,75 milliards de dollars US par année aux pays du G8. Ainsi, la part des États-Unis, qui dépensent des dizaines de milliards en "aide" militaire à chaque année, ne serait que de 175 millions annuellement. De plus, lorsqu’on parle d’effacer la dette des pays pauvres, il faut savoir que le seul service annuel de cette dette est de 370 milliards par année et que les 27 pays choisis ne représentent que moins de 10% de la population totale de ces pays. Au total, l’annonce pompeuse du G8 ne concerne que 2% de la dette de ces pays. En fait, ce n’est pas la première fois que le G8 annonce pompeusement "ses préoccupations humanitaires". Déjà, à son sommet de Cologne en 1998, le groupe avait promis 100 milliards de dollars en aide similaire, mais la vaste majorité de cet argent n’a jamais été livrée et ce qui l’a été a rarement servi a soulagé qui que ce soit, sauf les brigands capitalistes locaux. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que ces sommes ne seront accordées qu’à des conditions très particulières. Ainsi, les pays concernés devront s’engager à "stimuler le développement du secteur privé" de l’économie et à éliminer "les obstacles à l’investissement privé, tant domestique qu’étranger". En fait, la prétendue générosité des impérialistes ne leur sert qu’à s’assurer une pénétration encore plus aisée de ces économies souvent riches en matières premières et en ressources de toutes sortes. Telle est la véritable nature de l’opération!
Comme à son habitude, la classe dominante nous lance de la poudre aux yeux pour masquer ses intentions sinistres et sa nature exploiteuse. Elle sait qu’elle peut compter sur son aile gauche "humanitaire et constructive" et ses habituelles critiques doucereuses et complaisantes pour lui servir de couverture. En ce qui nous concerne, nous affirmons que la proposition du G8 est un marché de dupes. De la misère, le capitalisme n’en a cure, car elle est une condition et un résultat de son régime d’exploitation. Les bonnes âmes de la grande société qui prétendent qu’on peut la surmonter par la concertation et le dialogue n’ont rien compris ou ne veulent rien comprendre. Surmonter la pauvreté dans les pays les plus pauvres comme partout ailleurs, exige que l’on s’attaque au problème à sa source, i.e., le système de profit.
Victor(1) Live 8: une série de concerts qui se tiendront simultanément à Londres, Philadelphie, Paris, Rome et Berlin et ailleurs au tout début de juillet, tout cela dans le but "d’éclairer la situation de l’Afrique et de faire pression sur la rencontre du G8". Sir Bob Geldof s’est adjoint la participation de quelques uns de ses pairs, tels Sir Paul McCartney et Sir Elton John, sans compter les contributions de Madonna et de Sting... Le tout se réalisera avec le plein appui et l’encouragement du gouvernement britannique. Bref, des aristocrates, des multimillionnaires et l’État viendront nous faire un laïus musical à grande échelle sur la pauvreté et nous proposer leurs remèdes et leurs philtres. L’économie politique à la Baby Spice...C’est un délire auquel nous ne cèderons jamais! Contre vents et marées, et contrairement à ce que Madonna nous chante: "Music, unites the bourgeoisie and the rebel!", nous conserverons toujours le cap bien axé sur la vérité. Refusant ces illusions largement promus et vendus par les sbires bien payés de "l’ONGisme" et du communautaire, peu importe qu’ils soient conscients ou non de leurs mensonges criminels, nous expliquerons jusqu’à notre dernier souffle qu’il n’y aura jamais, ni commerce équitable, ni exploitation acceptable. Et il n’y aura finalement jamais non plus, d’unité entre le prolétaire et son exploiteur. Non Madonna, non les sirs et les lords, rien, mais vraiment rien unites the bourgeoisie and the rebel.. À bas la bourgeoisie, même larmoyante! Vive l’humanité!
Notes Internationalistes #05
Series II - Attentats de Londres: La saignée continue!
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