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Accueil ›Après le scrutin du 26 mars
Le vote aux plus récentes élections québécoises s’est conclu par le premier gouvernement minoritaire à l’Assemblée nationale depuis 1878. C’est un électorat volatil, laissant voir son inquiétude généralisée, qui s’est manifesté. Pour l’instant, une minorité importante de la population s’est réfugié derrière les solutions simplistes et réactionnaires, voir xénophobes de l’ADQ, tandis que le PLQ conserve sa pluralité et que le PQ perd son rôle d’Opposition officielle.
S’il est vrai qu’il faut s’en inquiéter, il est tout aussi vrai que ces élections se sont tenues sous l’enseigne d’un virage à droite de l’ensemble du discours politique, et cela, par tous les partis politiques. De la même manière, ceux et celles qui estime que le recul historique du PQ représenterait un recul du nationalisme au Québec se trompe énormément. Tout l’exercice électoral s’est mené dans le cadre de l’enclos national et nationaliste, comme dans une vaste salle paroissiale (le monde dans la salle, les élites à la tribune), les questions essentielles de notre époque (même l’environnement) étant traitées presque comme des questions de gérance municipale, sauf les pointes habituelles en direction des bedeaux rivaux d’Ottawa bien sûr. Ce mouvement généralisé vers la droite, a aussi affecté les supposés anticapitalistes de Québec Solidaire, dont la prestation de gestionnaire "progressiste" du capitalisme ne lui a néanmoins pas permis la percée espérée. D’ailleurs, les "fidèles" qui croient toujours que Québec Solidaire est un mouvement anticapitaliste devrait aller voir la vidéo de la prestation de son porte-parole Amir Khadir, au lancement de sa campagne à la Casa Del Populo... Malgré les efforts considérables et sans précédent des diverses officines de la bourgeoisie (notamment de ses médias), la participation électorale est restée relativement faible à 71,21%, soit le deuxième résultat le plus faible depuis trente ans. Pour sa part, le Groupe Internationaliste Ouvrier a mené une campagne modeste de boycott des élections bourgeoises par la diffusion de plus d’un millier de copies de la déclaration que nous republions ici. Cette déclaration a aussi été diffusée en anglais, tout comme nos centaines d’affichettes autocollantes appelant au boycott de cet énième exercice du cirque électoral.
La voie électorale est un piège patronal
La campagne électorale en cours en vue du scrutin du 26 mars prochain a lieu dans une conjoncture nationale et internationale passablement troublée et marquée par des perspectives plus sombres encore.
- Au mois de février seulement, l’économie québécoise a perdu 33 100 emplois en usine, un chiffre considérable pour un territoire ne comptant que 7,5 millions d’habitants. Ces pertes d’emplois manufacturiers font suite à de milliers d’autres frappant toutes les régions et de nombreux secteurs d’activités dans les mois précédents. On n’a qu’à citer les cas de Shermag à Disraeli, Goodyear et Gildan à Valleyfield, Norsk Hydro à Bécancour, Louisiana Pacific à Saint-Michel-des-Saints, Olymel à Saint-Simon et à Saint-Valérien, de Québecor World à Beauceville, de Diagnocure, de Pfizer, de Bristol Myers et des nombreuses usines rattachées à l’industrie de la forêt pour se donner une idée de l’ampleur de l’hécatombe. De plus, dans ce contexte, des milliers d’autres travailleurs et travailleuses ont dû subir d’importantes pertes de salaires et de couverture sociale sous le prétexte de préserver leurs emplois. Pensons à l’opération médiatique nationale, accompagnée d’une campagne locale de chantages et de menaces ignobles, menées de main de maître par l’ancien Premier ministre péquiste Lucien Bouchard qui a forcé la main aux 1100 salariés de l’usine Olymel à Valley-Junction, qui se sont ainsi vu coupés 30 % de leurs revenus. Or la crise et les convulsions du capitalisme à l’échelle internationale ne laissent présager aucun répit à cet égard.
- À la mi-campagne, les journaux ont publié les principales conclusions du 2e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) devant être rendu publique à Bruxelles le mois prochain. Le diagnostic que le rapport porte sur l’état de santé de la planète est dramatique : "les changements climatiques affectent aujourd’hui les systèmes physiques et biologiques sur tous les continents". D’ici 20 ans, le rapport prévoit que des centaines de millions de personnes n’auront plus d’eau, tandis que des dizaines de millions seront victimes d’inondations meurtrières à chaque année. Le réchauffement climatique attendu mènera aussi à l’essor des maladies tropicales comme le paludisme et la dengue. Dans un premier temps, les conditions nouvelles favoriseront une abondance de vivres en raison de saisons de cultures rallongées au Nord, mais ensuite, d’ici 2080, des centaines de millions d’êtres humains seront menacés par la famine. Ici même, en Amérique du Nord, le GIEC constate qu’on : "ressent déjà des dérèglements écologiques, sociaux et culturels, notamment des ouragans et des feux de forêts". Alors qu’on s’attend à ce que ces dérèglements influent sur la vie de chaque personne, il faut comprendre que les êtres humains des classes laborieuses seront de beaucoup les plus touchés.
- Les tensions inter impérialistes augmentent et les conflits actuels risquent de mener à l’ouverture de nouveaux fronts. Comme ces conflits ne sont pas le résultat de politiques ou de personnalités déficientes, mais bien du besoin vital pour le capitalisme en crise de maintenir ses marchés et d’en conquérir de nouveaux, le cours à la guerre n’est pas à la veille de se résorber.
Ces trois grands constats, qui constituent des pans déterminants du contenu de notre époque, sont pourtant pour l’essentiel complètement escamotés ou traités de manière insignifiante dans la campagne électorale et ce par tous les partis en lice. Comme à l’habitude, l’exercice électoral ne sert pas à discuter véritablement des grands problèmes de la société, mais plutôt à diviser les travailleurs et les travailleuses en les mobilisant derrière les conceptions, les valeurs et les priorités de la classe dominante et en les enrôlant dans le camp de l’une ou de l’autre de ses factions. La présente campagne ne fait pas exception, si ce n’est que lors de sa préparation et son déroulement, on a pu constater que les maisons de "sondage" ont de beaucoup perfectionné leur rôle de supplétifs des médias bourgeois et sont devenus des outils étatiques de plus en plus usités pour lancer l’électorat sur de fausses pistes en créant de toutes pièces de fausses crises et des enjeux tout aussi faux. Ainsi, grâce à leur sale boulot, on pu voir s’ajouter aux habituelles campagnes de chicanes et de divisions du passé entre francophones et anglophones ou francophones et autochtones, des piques beaucoup plus agressives que par le passé à l’endroit de l’immigration (les multiples affaires autour des fameux "accommodements raisonnables") auxquelles s’adjoignent maintenant les guerres de clocher entre les centres urbains et les régions. Mais derrière ce spectacle affligeant, les acteurs et les actrices sont pour l’essentiel les mêmes qu’à l’habitude et ne représentent qu’une variété insipide de sauces servant à couvrir le même plat fétide et empoisonné : l’exploitation capitaliste. Qui sont ils?
- Le Parti Libéral est le parti de la bourgeoisie québécoise qui vise à développer l’économie capitaliste dans l’espace économique et le cadre constitutionnel canadien actuel tout en cherchant à s’y aménager la place la plus avantageuse possible.
- Le Parti Québécois est le parti de la bourgeoisie québécoise qui cherche à renégocier le cadre constitutionnel canadien (pas nécessairement à le faire éclater) pour s’aménager une meilleure place dans l’espace économique du pays tout en se laissant plus d’autonomie pour intervenir sur les autres marchés (USA et Europe notamment). Pour mobiliser des appuis, il se sert de deux outils : le nationalisme et des prétentions "progressistes". Il est cependant à noter qu’à un degré ou un à autre, tous les partis en lice sont nationalistes et que le "progressisme" du PQ n’est qu’un leurre, comme il l’est pour les autres partis à cette étape du développement du mode de production capitaliste. N’oublions pas que le PQ est le parti du Déficit Zéro et ses 2 milliards de coupures dans les programmes sociaux en 1996, sans oublier le parti des 20% de réductions de salaires lors des négociations du secteur public en 1981-82.
- L’Action Démocratique est un parti nationaliste, populiste et ouvertement droitier. Son rôle actuel est de diviser et de susciter la méfiance et la haine. Issu d’une scission de la droite autonomiste du PLQ, il a pendant un temps flirté avec le PQ. Pour l’instant, c’est un parti de réserve de la bourgeoisie, qui lui sert tant comme repoussoir pour remobiliser des appuis vers le PLQ et le PQ, que de mouche de coche servant à ramener l’ensemble du "débat" politique vers un programme de plus en plus droitier. Son émergence soudaine lors de ces élections a été largement due à la place disproportionnée que les grands médias lui ont accordée dès le début de la campagne.
- Les "nouveaux partis" Verts (PV) et Québec Solidaire (QS), tout en accentuant différemment deux éléments de préoccupations sociales différentes présentes dans l’électorat (environnement et justice sociale), visent tous les deux à occuper une place largement libérée par l’alignement graduel mais constant des deux grands partis traditionnels PQ et PLQ vers une droite de plus en plus avouée (mondialisation oblige). Mais cette gauche du capital ne peut et ne veut rien pour nous! Elle ne peut et ne veut rien pour nous car en aucun moment elle ne questionne les causes économiques, politiques et sociales à la base de la crise sociale et environnementale. Il n’y aura pas d’environnement sain ni "vert", tant et aussi longtemps que la production sera réalisée pour engranger des profits plutôt que pour les nécessités de l’usage social. Il n’y aura pas non plus de justice sociale et de "solidarité", tant et aussi longtemps que le capitalisme et la violence de ses crises et de ses guerres s’imposeront à l’humanité. Ces petits partis ont une fonction de faire-valoir du cirque électoral et leur rôle, qu’ils en soient conscients ou non, est de redonner de la crédibilité à cette fausse consultation, qui est l’une des colonnes de soutien du système d’exploitation capitaliste. Nous savons que bon nombre de travailleurs et de travailleuses votent pour ce qu’ils considèrent comme le "moindre mal". Mais lorsque ce vote critique mène au pouvoir, les résultats sont toujours les mêmes : il n’y qu’à voir la politique belliciste des Verts au pouvoir en Allemagne ou le bilan de gouvernement du Parti des Travailleurs au Brésil. Le PV et QS font partie du problème, pas de la solution.
Notre constat est qu’il n’y a rien à gagner par le vote, même s’il s’exprime de façon critique ou tactique. L’ampleur du problème pausé par le système d’exploitation est telle, que seule la négation active de toutes ses institutions comme de ses fondements mêmes prend un rôle positif présentement. À problème radical et systémique, solution radicale et systémique. Le temps presse!
L’exercice du vote dans l’isoloir est l’expression de l’isolement du travailleur et de la travailleuse face à sa classe. La véritable expression de nos intérêts et de nos choix de société ne peut que s’exprimer qu’en tant que classe qui lutte sur les lieux de travail et dans la rue. Refusons d’embarquer dans le jeu de nos exploiteurs. C’est à la relance des luttes, à la construction des organisations nécessaires à leur succès et à la construction de l’indispensable Parti International du Prolétariat que nous vous convions.
Boycottons leurs élections! Pas un seul vote pour le capitalisme!!
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