Nigeria - Carnage!

Les médias bourgeois d'Occident n'en ont fait aucunement mention, mais un journal nigérian a révélé l'an passé que plus d'une centaine d'ouvriers sont morts - la plupart brûlés vifs et certains abattus - des suites d'un feu à la Super Engineering Company Limited, située dans le parc industriel d'Ikorodu au Nigeria. Lorsque les patrons quittèrent les lieux durant le "quart" de nuit, ils enfermèrent les 249 prolos au travail. Peu de temps après, un feu faisait éruption dans l'entrepôt. Tandis que les ouvriers emprisonnés tentaient désespérément d'échapper à ce brasier infernal, un très grand nombre finirent par se heurter aux portes verrouillées de la fabrique puisque le superviseur chargé des clefs était reparti chez lui. C'est ainsi que la plupart succombèrent à une mort horrible. Qui plus est, parmi ceux et celles ayant malgré tout réussi à sortir de l'immeuble, certains périrent des suites de blessures par balles! En effet, le directeur général de la fabrique, Mr. Mukwam Lai, admit plus tard avoir tiré sur des ouvriers en état de panique qui fuyaient l'emplacement parce qu'il craignait que ceux-ci aient commis du pillage...

L'horreur de la mort de ces ouvriers et ouvrières était à la mesure de la tragédie quotidienne qu'étaient leurs vies. Forcés de travailler 12 heures par jour sans pause, ils se voyaient interdits de communiquer avec leurs camarades de peine. Bien sûr, il n'y avait dans l'enceinte ni extincteur à incendie ni sortie de secours.

Bien avant cet événement, le 25 mars 1911, un carnage semblable eût lieu dans le centre-ville de New York, et devint un symbole de l'indifférence du capitalisme rapace à l'égard des besoins humains pour une génération entière. Ce jour-là, comme le rapporta un journal ouvrier de l'époque: "Une lente agonie causée par une paye misérable, par le surpeuplement, et par une surveillance digne de meneurs d'esclaves, s'est achevée en une boucherie foudroyante rappelant les abattoirs de Chicago". 146 ouvrières, la plupart étant de jeunes femmes âgées de 15 à 23 ans, furent brûlées vives ou connurent leur fin en sautant des fenêtres situées au 8 [ème] étage de la Triangle Shirt Factory. Ce jour-là aussi, des prolos furent piégées dans le camp d'esclavage capitaliste où elles étaient exploitées, et furent ainsi forcées de sauter d'un immeuble en proie aux flammes et, comme un témoin le rappela, "tombèrent avec le crépitement de la grêle".Certains osent affirmer que le capitalisme a considérablement évolué depuis ce temps, et en parlent comme d'un système se basant maintenant sur les droits humains. Le massacre nigérian d'Ikorodu nous rappelle pourtant que tout ceci est un mensonge éhonté. De sa naissance, en passant par la tragédie de la Triangle Factory, et jusqu'à son renversement, le capitalisme a été, est, et sera toujours fondé sur l'exploitation brutale et souvent sanglante de la grande majorité de l'humanité. Qu'elle tue lentement, subtilement, ou dans l'horreur et la douleur, la classe dirigeante est coupable; c'est la tortionnaire de l'humanité.

V.