Bilan de la réunion publique du 18 mai.

Le samedi 18 mai, le GRI a tenu une réunion publique sur le thème de la destruction de l’environnement, à Paris. C’est devant une douzaine de personnes, parmi lesquels des membres et sympathisants du CCI et un membre du GIGC, que nous avons exposé notre point de vue sur la destruction de la nature en cours.

Un consensus s’est immédiatement établi parmi les participants sur la responsabilité du capitalisme dans la destruction de l’environnement et sur le fait que la classe ouvrière est la seule force capable de s’y opposer. En effet, la logique du capital est celle d’une exploitation de la nature incompatible avec le maintien du vivant sur Terre. Le capitalisme se montre incapable de remédier aux maux qu’il a lui-même engendrés, menaçant jusqu’à la survie de l’humanité, et démontre ainsi son impasse historique. Ajoutons que si la détérioration de la nature est le produit du mode production capitaliste, elle agit en retour comme un facteur de crise, aggravant ainsi la crise générale de celui-ci.

Plus globalement, ce sont de multiples crises (économiques, écologiques, sociales, impérialistes,...) auxquelles est confronté le capitalisme aujourd’hui, imbriquées entre elles et se renforçant mutuellement. Par exemple, l’épuisement des ressources conduit les États à chercher d’autres gisements et aggrave ainsi le risque de conflit. Nous ne nous attardons pas, tout ceci est développé plus amplement dans la brochure que nous venons de publier (1).

Rapidement, suite à une interrogation d’un participant sur l’opportunité de la distribution d’un tract par nos camarades américains lors d’une manifestation écologique, la discussion s’est portée sur la question de l’intervention des révolutionnaires dans ces luttes, que certains qualifient de partielles ou parcellaires, avant de s’étendre à l’intervention des révolutionnaires en général. La question de la guerre a constitué le deuxième point de discussion.

Nous souhaiterions revenir sur ces points pour clarifier nos positions.

L’intervention des révolutionnaires

Derrière cette question, c’est tout simplement celle de l’opportunisme qui est posée. La TCI ne se situe ni du côté des gauchistes ou autres activistes courant après les événements les uns après les autres et prêts à rogner sur les principes ou le programme révolutionnaire pour des « succès » immédiats ou accroître artificiellement leur audience, pas plus qu’elle ne se positionne du côté des sectes fossilisées, complètement coupées du prolétariat, qui dénigrent les luttes de notre classe tant qu’elles ne correspondent pas à leur schéma préétabli, complémentent pur.

Ce qui nous préoccupe avant tout, c’est le mouvement réel de la classe ouvrière. Celle-ci subit l’influence de l’idéologie bourgeoise et petite bourgeoise, il ne saurait en être autrement après tant de décennies de contre-révolution. Notre rôle est d’intervenir, en fonction de nos forces et des possibilités, dans toutes les luttes de notre classe pour la défense de ses conditions de vie et de travail, préalable nécessaire à un affrontement global contre le capitalisme. Notre intervention vise à mettre en évidence les limites de ces luttes et indiquer la voie pour les dépasser, mais aussi d’œuvrer à l‘unification du prolétariat et de contribuer à forger le parti de classe, arme indispensable pour notre combat.

Évidemment nos positions ne peuvent trouver un écho parmi le prolétariat à tout moment. Comme l’écrivait il y a presque un siècle, les communistes de gauche d’Italie :

Il est erroné de penser que dans chaque situation des expédients et des manœuvres tactiques peuvent élargir la base du parti car les relations entre le parti et les masses dépendent en grande partie de la situation objective ... l'influence du parti sur les masses dépend d'une situation révolutionnaire de plus en plus aiguë et de la mesure dans laquelle il est fidèle à la tâche révolutionnaire ... Les autres courants considèrent apparemment le problème de la conquête des « masses » comme une question de volonté. Cependant, ils s'adaptent peu à peu et tombent essentiellement dans l'opportunisme.

Plateforme du comité d’Entente

Notre champ d’intervention ne se limite pas aux luttes économiques même si elles constituent a priori un terrain privilégié dans la mesure où elles touchent directement l’exploitation dont se nourrit le capital. Les militants révolutionnaires s’opposent également à tout ce qui fragmente le prolétariat (toutes les discriminations, le localisme ...). Ainsi ce n’est pas par philanthropie que nous luttons aux côtés des travailleurs immigrés, et ce n’est pas non plus par féminisme que nous luttons aux côtés des femmes travailleuses, mais parce que toutes les attaques qu’ils et elles subissent la divisent et affaiblissent notre classe.

Les luttes contre la dévastation de la nature font aussi partie intégrante des luttes ouvrières. Les prolétaires sont exposés directement à ses effets tous les jours et bien davantage que les autres classes que ce soit par leurs conditions de travail, l’accès au soin, la nourriture, le logement… Nous ne pouvons laisser ce terrain à la petite bourgeoisie et à l’écologie politique bourgeoise, qui, dans la mesure où elle ne s’attaque pas au cœur du problème, le mode de production capitaliste, quoi qu’elle prétende, ne peut qu’entraîner le prolétariat dans une impasse et surtout dans de fausses directions. Comme dans toutes les luttes ouvrières, l’intervention des révolutionnaires a pour objectif d’insuffler une orientation de classe à ces mouvements.

La marche vers la guerre généralisée.

La guerre en Ukraine a marqué un tournant. Tous les expédients employés depuis la crise des années 70 (la financiarisation, la mondialisation …) ne suffisent plus à contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit, le capitalisme est dans une crise profonde que seule une guerre généralisée peut résoudre. C’est la position que défend la TCI.

Si nous soutenons cette position, ce n’est pas par fidélité à la position historique de la troisième internationale et de la Gauche communiste, l’alternative guerre ou révolution, notre analyse repose sur des faits matériels. Elle s’oppose, par exemple, à la vision idéaliste du CCI qui nie la possibilité d’une guerre généralisée en arguant de l’existence de contradictions internes aux blocs en formation, et qui cherche à trouver des éléments dans la réalité qui valident sa théorie de la décomposition. De plus, il s’efforce de masquer son aveuglement en se lançant dans une surenchère ridicule en prétendant que nous sous-estimons la situation car ce serait vers de multiples conflits locaux que le monde se dirigerait et cela de manière tout à fait irrationnelle. Ne soyons pas ridicules quand l'on voit que ces « conflits locaux » impliquent maintenant directement l'OTAN d'une part, et la Russie ou l'Iran d'autre part ! Actuellement, on est passé à un stade supérieur par rapport à la Guerre froide.

Attardons nous un peu sur les faits.

  • Il est inutile de revenir sur l’étendue de la crise que traverse le capitalisme. Tous les révolutionnaires en conviennent.
  • Deux blocs ne se seraient pas constitués ? Il est indéniable que depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, on assiste à une polarisation autour des États-Unis d’une part et une autre autour de la Chine. En effet, les pays de l’OTAN se sont rangés derrière les États-Unis, tandis que la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord se sont rapprochés créant ce que beaucoup d'experts appellent : « le triangle de fer » entre les 3 premiers.
  • L’OTAN s’est également élargi avec l’adhésion de la Suède et de la Finlande.
  • L’engagement de l’OTAN auprès de l’Ukraine va de plus en plus loin, au risque de déclencher un conflit ouvert avec la Russie.
  • Les États-Unis, le Royaume-uni et l’Australie ont signé un accord de coopération militaire, l’AUKUS, visant à contenir l’expansionnisme Chinois en Asie-Pacifique, le Japon devrait rejoindre cet accord prochainement.
  • Les dépenses militaires ont progressé partout dans le monde, une augmentation de plus de 6,8 % entre 2022 et 2023 au niveau mondial. De plus, les grandes puissances réorganisent leur appareil productif, relocalisent une partie de leurs activités pour être autonome et éviter les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement.
  • La Chine et la Russie disputent de plus en plus aux occidentaux l’Amérique du Sud, l’Afrique et le Moyen-Orient, des zones qui étaient jusque-là sous l’influence de ces derniers. La Russie a par exemple délogé la France du Sahel. La Chine vise les mines de nickel en Nouvelle Calédonie comme en Papouasie-nouvelle Guinée.
  • La guerre commerciale que se livrent États-Unis et la Chine s’accentue, en témoignent les récentes mesures protectionnistes américaines concernant les voitures électriques ou celles plus anciennes au sujet des microprocesseurs.
  • Au niveau idéologique, on ne compte plus les discours bellicistes de part et d’autre.

Cette liste n’est pas exhaustive, mais il est indéniable que cette série d’événements ou de tendances forment un tableau peu réjouissant et annonciateur d’un possible conflit généralisé auquel seule la lutte massive du prolétariat peut s’opposer. Tous les révolutionnaires doivent réfléchir, discuter pour comprendre la nouvelle situation politique et assumer leur responsabilité face à la montée de la guerre impérialiste.

GRI
le 11 juin 2024

Notes

(1) leftcom.org

Wednesday, June 12, 2024