Contre le pacifisme, pour le défaitisme révolutionnaire!

Seul le bourgeois qui croit que la guerre engagée par les gouvernements finira de toute nécessité comme une guerre entre gouvernements, et qui le désire, trouve “ridicule” ou “absurde” l'idée que les socialistes de tous les pays belligérants doivent affirmer qu'ils veulent la défaite de tous les gouvernements, de “leurs” gouvernements. Par contre, une telle position correspondrait exactement à la pensée secrète de tout ouvrier conscient et s'inscrirait dans le cadre de notre activité visant à transformer la guerre impérialiste en guerre civile.

V. I. Lénine, Le socialisme et la guerre, 1915

Cela fait plus d'un an que la Russie a envahi l'Ukraine. Des milliers de corps jonchent le paysage alors que la machine de guerre bat son plein des deux côtés. Alors que les États-Unis et l'OTAN continuent d'injecter de l'argent en Ukraine et que la Russie poursuit l'offensive, les travailleurs sont confrontés à une escalade du conflit qui s'étend lentement à travers le monde. Les coups de sabre de la Chine contre Taïwan, les projets d'invasion du Niger par le Nigéria, ainsi que les récents échanges de coups de feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont autant de menaces pour le monde et la classe ouvrière. Et pourtant, malgré les luttes intestines de la bourgeoisie, les travailleurs restent déterminés à s'accrocher au nationalisme, que ce soit sous la forme d'une agitation en faveur de l'armement de l'Ukraine ou de la recherche de la paix par la diplomatie avec la Russie. Ces deux positions—le défensisme pour la première, le pacifisme pour la seconde—reviennent à concéder à l'État bourgeois et, comme nous l'avons montré à maintes reprises, n'apportent rien d'autre aux travailleurs que leur soumission continue au système moribond du capitalisme.

Mais le pacifisme vise à promouvoir la paix! La diplomatie et la désescalade sont censées entraîner les dirigeants du monde contre cette folie et vers la démilitarisation! Sauf qu'à aucun moment de l'histoire, cela n'a supprimé la tendance latente à l'impérialisme, à l'accumulation du capital devenu si glouton que la seule façon de créer plus de valeur quand l'ensemble de la production mondiale ne suffit pas, c'est de la détruire—par les bombes, les fusils et le feu. Depuis la Première Guerre mondiale, le pacifisme n'est rien d'autre que le réflexe moral de la bourgeoisie pour la préservation de son système, offrant un soupir de regret pour soulager les travailleurs qui sont forcés, sous la menace de la mort, de se rendre au front. De même qu'il a fragmenté la véritable organisation révolutionnaire des travailleurs à l'époque, il montre aujourd'hui son visage hideux.

Au lieu de cela, il n'y a qu'une seule alternative claire, une seule solution claire à cette folie qui continue à s'emparer du monde. Les travailleurs du monde entier doivent se rassembler sur une plateforme internationale et se mobiliser pour la défaite de leurs nations dans le cadre de leur objectif révolutionnaire de renverser le capitalisme une fois pour toutes! Les travailleurs doivent s'opposer aux efforts de guerre nationaux par le biais d'une stratégie combinée de grèves, d'arrêts de travail et de ralentissements. Les travailleurs russes qui descendent dans la rue peuvent faire cesser la pluie d'enfer sur leurs camarades ukrainiens, mais seulement si ces derniers font de même à leur tour, aux côtés des travailleurs de Chine, de Taïwan, du Niger, du Nigeria, d'Arménie, d'Azerbaïdjan, etc. Comme la révolution bolchevique nous l'a montré, seule l'organisation de masse de la classe ouvrière peut constituer une opposition efficace à la guerre. Dans le même temps, ses échecs démontrent la nécessité d'une coopération internationale, car toute révolution localisée est vouée à l'échec.

Le pacifisme et le défencisme graissent donc les rouages de la machine de guerre bourgeoise. Si les travailleurs choisissent leur nation comme étant la bonne, celle pour laquelle ils marcheront au pas pour se battre ou pour laquelle ils agiront en tant que bras diplomatique, alors tous ces efforts ne produiront que des désillusions et leur propre destruction. Tant que les travailleurs resteront isolés, aucune plate-forme de défaitisme révolutionnaire ne s'imposera jamais, et il est donc nécessaire que les travailleurs s'opposent au pacifisme et au défaitisme. Ni l'OTAN ni la Russie, contre la guerre, pour la guerre de classe!

Klasbatalo
Sunday, March 10, 2024