Chroniques de la préhistoire

Les rapports de production bourgeois sont la dernière forme antagoniste du processus de production social, antagoniste non pas dans le sens d’un antagonisme individuel, mais d’un antagonisme qui naît des conditions d’existence sociale des individus; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cet antagonisme. Avec cette formation sociale s’achève donc la préhistoire de la société humaine.

Karl Marx, Contribution à la Critique de l’économie politique, 1859.

Le capitalisme tue!

“Nous suivons un cours insoutenable.” Voilà la conclusion à laquelle arrive Klaus Topfer, le directeur du Programme environnemental des Nations-Unies, à l’occasion de la sortie de sa publication: Géo-2000. Le bureaucrate a de quoi s’inquiéter! L’année 1998 a été la plus chaude enregistrée à date. Au Québec, septembre 1999 a été le 33ème mois de suite à briser le record de chaleur. Ces températures dramatiquement à la hausse ont pour effet la raréfaction des sources d’eau douce. Géo-2000 prévoit que d’ici l’an 2025, les deux tiers de la population de la planète souffriront d’une pénurie d’eau.

Le réchauffement global a aussi de nombreux autres effets. Plusieurs scientifiques y voient la cause de la multiplication récente des icebergs géants se détachant de la calotte glaciaire de l’Antarctique. Selon Le Monde du 27 octobre dernier, vingt-sept de ces monstres dépassent les 18 kilomètres et constituent une menace réel au commerce maritime dans l’Hémisphère sud. Le réchauffement de la planète affecte aussi le niveau des océans ainsi que la vitesse et le mouvement des vents. Géo-2000 constate en conséquence que:

les pertes attribuées aux désastres naturels pour la décade 1986-1995 ont été huit fois plus élevés que lors des années 60!

Mythes et réalité

Alors qu’éditorialistes et économistes se pâment habituellement à l’étude de statistiques démontrant une prétendue vigueur de l’économie américaine, quelques voix discordantes laissent occasionellement entendre une réalité toute autre. Ainsi, même le prestigieux New York Times a récemment dû accorder une toute petite place à une description de l’Amérique capitaliste moins conforme au discours dominant.

Ainsi, dans son édition du 27 février 1999, on y apprend que le nombre de soupes populaires et de banques alimentaires dans la ville de New York était de trois douzaines en 1980. En 1992, la pauvreté croissante des prolétaires exclus de l’American Dream avait porté le chiffre à 600. En début de cette année, on dénombrait 1100 soupes populaires et banques alimentaires! Les États bourgeois continuent pourtant à permettent aux conditions de notre anéantissement de se multiplier.

Par exemple, les seules émissions de dioxyde de carbone augmentent de 300 millions de tonnes par année. Voilà la logique d’un système où la production sert le profit plutôt que l’usage. Plus ce mode de production nous pourrira l’existence, plus il nous rapprochera d’une catastrophe écologique aux proportions planétaires. Le capitalisme nous réserve des horreurs sans fin, il est plus que temps de mettre fin à l’horreur du capitalisme!

Toujours selon le Times, les besoins alimentaires de tous ces “bénificiaires” de la prospérité capitaliste devraient doubler en début du nouveau millénaire mais les ressources alimentaires commencent à manquer...

Le cout de la "prospérité"

L’édition printemps-été de la revue Internationalist Papers (1) révelent des données importantes sur le coût qu’ont à payer les prolétaires américains pour financer la “prospérité nationale” des États-Unis. Citant un ouvrage récent d’ Andrew Ross, “No Sweat” (New York: Verso, 1997), on y apprend que dans l’industrie du vêtement, le développement des “sweat-shops” atteint la majorité des villes américaines. Les sweat-shops sont définit comme...

des usines où les salaires ne sont jamais trop bas, le temps de travail jamais trop élevé et où les conditions de travail constituent une menace directe à la santé et à la vie des travailleurs et des travailleuses.

Ross cite un rapport gouvernemental du General Accounting Office datant de 1996. Ce rapport estime qu’un tiers des 6500 manufactures de New York était des sweat-shops. À Los Angeles, le chiffre était de 4500 sur 5000, tandis qu’à Miami il était de 400 sur 500! À Los Angeles, des taux horaires aussi bas qu’un dollar US sont fréquents. Le New York Times du 12 juin 1998 relatait le cas d’une usine américaine où la direction imposait des quarts de travail de 12 heures; sept jours sur sept! Et on ne parle pas içi du travail clandestin où l’usage de la main d’oeuvre infantile est aussi à la hausse...

Le Capitalisme ment!

“La réalité ouvrière: Plus d’heures, moins de salaire.” Voilà un titre qui va à rebrousse-poil de ce qu’on peut habituellement lire sur la situation de nos camarades américains. La presse bourgeoise ne cesse en effet de nous bombarder d’une propagande prétendant qu’une embellie économique y aurait à toute fin pratique éliminé la crise, au plus grand profit de “la nation”, y compris le prolétariat... Or, le numéro 109 d’Internationalism (2) a fait paraître un article fort intéressant donnant une toute autre image de la réalité ouvrière aux USA.

Citant des chiffres publiés par le Fiscal Policy Institute d’Albany concernant la Ville et l’État de New York, l’auteur dresse un portrait beaucoup moins idyllique de la condition ouvrière américaine. On y apprend qu’à...

l’échelle de l’État, les revenus ont diminué de 8% depuis la fin des années ’80, tandis que pour 40% des ménages les plus pauvres, la chute a été de 13 à 15%. [...] À New York le revenu moyen a chuté de près de 20%. Toute une reprise!!!

Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg.

La famille ouvrière typique travaille 256 heures de plus par année - plus de six semaines additionnelles de travail à temps plein - qu’en 1989. Autrement dit, la famille ouvrière moyenne a dû travailler plus fort et plus longtemps pour gagner 20% de moins.

Si on rajoute à ça les nombreuses coupures effectuées dans le “salaire social” (assurance-chômage, aide-sociale, etc.), on a une meilleure idée du contenu, des conditions et de la valeur de la reprise de l’économie américaine.

S’il y a reprise de l’économie capitaliste, aux États-Unis comme partout ailleurs, ce n’est rien d’autre que la reprise de la course vers l’abîme dans lequel la bourgeoisie cherche à nous précipiter. L’espoir d’une réforme d’un tel système, c’est de l’espoir placée sur un bateau qui coule. Au diable les bouées de secours et que la vieille taupe de la Révolution lance ses missiles (3) et ses torpilles. L’Humanité est plus que prête pour son prochain véhicule!!!

(1) Supplément à il programma communista, c.p. 962, 20101 Milano, Italia.

(2) P.O. Box 288 New York, N.Y. 10018-0288-U.S.A.

(3) Dans sa correspondance à Johann Philipp Becker sur le plan de publication du Capital, Marx écrit:

C’est certainement le plus redoutable missile qui ait jamais été lancé à la tête des bourgeois...