Le 29 septembre, la TCI organisait une réunion publique à St-Nazaire en s’appuyant sur la présence de militants de l’Internationalist Worker’s Group, de la Communist Worker’s Organsiation et du Groupe Révolutionnaire Internationaliste. Le contenu de cette réunion portait sur notre analyse de la situation internationale, marquée par la marche à la guerre, et les conséquences que peuvent en tirer les révolutionnaires. Notons que cette première réunion dans la ville a été rendue possible grâce au collectif des « Ami.e.s de May », qui a mis à disposition son local et dont certains ont participé au débat.

Trois interventions ont introduit la réunion, la première reprenant l’analyse formalisée par le GRI dans le texte « Guerre impérialiste et/ou guerre de classe ». La suite des interventions a porté plus particulièrement sur l’importance et les limites des luttes ouvrières en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Les camarades ont pu exposer de quelle façon l’aggravation des tensions internationales influe sur la politique de la bourgeoisie et les tentatives de celles-ci pour contrôler le terrain social. Le rôle des syndicats ou de la politique identitaire du parti démocrate ont été exposés en allant dans le concret. Ces camarades ont également montré comment s’orientaient leur activité militante autour des comités NWBCW.

Outre les camarades de la TCI, l'assistance comprenait plusieurs militants ou sympathisants du collectif des « Ami.e.s de May », un militant de LO, un travailleur d’origine italienne venu par sa motivation internationaliste, ainsi qu’un groupe de sympathisants et membre du CCI. Pour les organisateurs, la discussion avait pour enjeu de présenter la gravité de la situation internationale créée par la guerre en Ukraine. Nous avons souligné que celle-ci ne pouvait se comprendre qu’en rapport avec la crise persistante de l’économie capitaliste, dont les répercussions se font sentir dans tout l’édifice de la société bourgeoise. De ce fait, de multiples tensions apparaissent dans de nombreux pays, stimulant la résurgence de luttes ouvrières en particulier dans les centres du capitalisme. Il nous importait finalement de montrer que les internationalistes ont la responsabilité de s’inscrire dans cette reprise des luttes et de discuter des possibilités d’intervention avec les participants.

A l’initiative du CCI, le débat s'est d’abord porté sur des points assez secondaires des interventions, comme la non prise en compte des enjeux géopolitiques du conflit, notre prétendue confusion sur les syndicats de base ou, plus étonnant, la sous-estimation de la gravité de la guerre dont nous serions fautifs. Cela ne manque pas de sel quand on sait de quelle façon ce groupe défend, contre toute évidence, la conception idéaliste de la décomposition selon laquelle la bourgeoisie ne parviendrait pas à mener la société vers la guerre !

Même si le camarade de LO était conscient de nos divergences, il a tenu à marquer son accord avec l’analyse de la marche à la guerre et le rôle toujours central de la classe pour enrayer ce processus. Un débat s’est engagé sur le contenu de l’intervention révolutionnaire, qui passerait selon lui inévitablement par la participation dans les syndicats. Pour notre part, nous avons montré que l’effet paralysant des syndicats sur la classe ne tenait pas spécifiquement au rôle de « directions pourries ». Il se trouve incontestablement des travailleurs combatifs dans ces organisations et nous intervenons dans les luttes que celles-ci dirigent. Mais cela n’enlève rien à l’appartenance des syndicats au système d’encadrement de la classe par la bourgeoisie. Pour sa part, le CCI a crû bon d’ajouter à sa réponse un mépris non dissimulé pour la personne du militant, manifestant une attitude totalement contraire à l’état d’esprit de cette réunion.

D’autres interventions ont abordé des questions importantes comme l'état de la combativité de classe, la composition de celle-ci après les vagues de restructuration et de précarisation du travail salarié, ainsi que la signification du mouvement des gilets jaunes. Nous avons cependant mesuré à quel point l’intervention du CCI avait été coordonnée dans le but de dénaturer le débat, lequel a été orienté dans une mise en accusation frontale autant que fantaisiste de nos positions. En dépit de notre refus de le suivre sur cette voie, ses militants ont pourri le débat en brandissant toutes sortes de détails extrapolés ou invérifiables, à mille lieues des préoccupations des autres participants. Une telle fureur ne peut s’expliquer d’abord par des motifs politiques, sans quoi ces interventions auraient respecté un peu plus de prudence vis-à-vis de ces derniers. S’affranchissant de toute crainte du ridicule et de l’égotisme, les auteurs de ces interventions ont crû remporter une bataille décisive… sur un terrain où nous ne souhaitions nullement nous vautrer.

Nous jugeons dangereuse, inopportune et contre-productive, pour la Gauche communiste, toute attitude consistant à intervenir en dehors du sujet traité par la réunion publique et toute tentative de profiter de ce lieu de discussion pour ne pas discuter et mettre en cause, sans raison ou hors de propos, notre activité politique générale. Cette attitude de provocation et de mise en cause, de façon ubuesque, ne sert pas politiquement les groupes politiques qui en sont les instigateurs. Quelle image nous donnons de la Gauche communiste pour ceux qui s'en réclament toujours ! Nous attendons pour le moins que ces camarades s'excusent.

Le plus grave tient sans aucun doute aux effets provoqués par le parasitage de la réunion. Une telle pratique ne peut avoir pour résultat que de faire fuir les sympathisants responsables qui se rapprocheraient de nos courants ou seraient prêts à discuter de nos positions et propositions, en ridiculisant celles-ci. Cette pratique coordonnée et consciente, que nous avons constatée lors de nos deux dernières réunions, n’est rien d’autre qu’une œuvre de sabotage et de démoralisation. Cette frénésie sectaire n'a pas réussi à détourner la réunion de son objectif principal, à savoir souligner la situation nouvelle et dangereuse dans laquelle un capitalisme décadent plonge aujourd'hui la société. Notre priorité consiste à travailler partout avec d'autres internationalistes qui peuvent voir les dangers réels auxquels est confrontée non seulement la classe mais l'humanité tout entière, aux prises avec un système impérialiste condamné.