Ne les laissez pas vous donner une mauvaise main!

Les croupier.es du Casino de Montréal sont confrontés à ce qui est, en réalité, une réduction de salaire réel par rapport au coût de la vie qui augmente. L'insulte d'une augmentation de 2% dans le context d'un taux d'inflation de plus de 9% s'ajoute au refus de Loto-Québec de reconnaître les blessures chroniques des travailleur.es (arthrite, tendinites, blessures aux épaules et au dos) qui résultent de décennies de mouvements répétitifs. De plus, Loto-Québec s'est donné comme priorité, au fil des décennies, de réduire continuellement le salaire de départ des croupier.es, passant de 18$ il y a vingt ans à 14,50$ aujourd'hui. Sous un tel assaut des le patronat, il n'est pas surprenant que les croupier.es soient en grève depuis fin mai.

Mais les croupier.es ne sont pas les seuls à réagir à cette attaque du capital. D'autres travailleurs et travailleuses sont également entrés en lutte. Pour n'en citer que quelques-uns : tout au long de l'automne dernier, les travailleurs et travailleuses des CPE ont mené de multiples actions de grève en réponse à l'inflation. L'hiver dernier, les chauffeur.es d'autobus de la STL ont formé des piquets de grève contre les offres salariales basses de l'entreprise. Les travailleur.es de l'usine Molson d'Hochelaga ont tenu bon pendant plusieurs mois cette année, tandis que les travailleur.es de la SQDC poursuivent toujours leur lutte.

Dans l'ensemble, la classe ouvrière se retrouve aux prises avec des salaires réels en baisse alors que les prix de la nourriture, du logement et du carburant montent en flèche. Le prix de la nourriture au Québec a augmenté de 10% en un an seulement, tandis que les loyers des quartiers traditionnellement ouvrier.es comme Verdun ont augmenté de 20%. Les travailleur.es de Montréal et du monde entier font la grève pour défendre leurs besoins fondamentaux. Avec une telle inflation, le message est clair et net sans ambages: les pertes subies pendant la pandémie et exacerbées par la guerre sont déversées sur notre classe. Nous sommes obligés de payer pour la crise du patronat.

Cependant, les grèves se sont maintenues, secteur par secteur, malgré l'assaut général contre notre classe. Par contre, les travailleurs en grève restent divisés, et ceci n'est pas un accident, c'est une stratégie centrale du patronat pour assurer la division de la classe ouvrière. Chaque secteur et même chaque lieu de travail mène des négociations à différents moments de l'année, ce qui permet au patronat de diviser pour mieux régner, en s'en prenant à un groupe de travailleur.es à la fois. Ce même processus se déroule au sein des syndicats, surtout lorsqu'il y a plusieurs syndicats sur un même lieu de travail ou dans un même secteur. Les travailleur.es du Casino de Montréal sont divisés en trois syndicats différents, séparant les croupier.es, les agents de sécurité et le reste du personnel. De même, la lutte des travailleur.es des CPE a été entravée par des structures similaires. Les CPE sont organisés entre la CSN, la CSQ et la FTQ, et bien qu'ils fassent grève exactement au même moment, ils n'ont ni négocié sur une base commune ni coordonné leurs actions ensemble. Cela a entraîné l'isolement effectif des travailleur.es du CPE, même dans une lutte commune.

C'est dans ce contexte troublé que les travailleur.es du CPE de la Petite-Bourgogne ont pris l'initiative, en dehors de leur syndicat, de planifier leurs propres tactiques de grève. En créant une chaîne de courriels de groupe entre eux, ils ont coordonné des actions, telles que la participation à la manifestation de la CSN, lors d'une journée de grève non mandatée et, à une autre occasion, en convainquant les travailleur.es de la CSQ qui faisaient du piquetage devant le ministère de la Famille de bloquer la rue. Leur exemple démontre la vitalité et l'efficacité créées par l'auto-organisation des travailleur.es.

Alors que le syndicat garde ses travailleur.es dans l'ignorance des négociations, les travailleur.es de la Petite-Bourgogne savaient exactement où ils allaient et pourquoi ils le faisaient en prenant la lutte en main. Lorsque les travailleur.es s'organisent entre eux, ils sont capables de sortir de leur isolement et d'affronter la crise générale par une lutte générale en tant que classe. En mai 1972, les travailleur.es du Québec se sont organisés en comités de grève et en assemblées de masse qui s’étendent à travers les secteurs parmi plus de 330 000 travailleur.es syndiqués et non syndiqués. Une telle unification de la lutte de notre classe fait défaut aujourd'hui.

Les attaques généralisées auxquelles notre classe est confrontée ne vont pas disparaître. Le capitalisme mondial est en crise profonde et l'histoire nous montre que lorsque les profits sont en jeu, il n'y a pas de limites au prix que les travailleur.es devront payer. Il est vital que nous les affrontions sur une base généralisée, sur un front de classe et non pas secteur par secteur. Cela requiert la participation active de toutes les personnes attaquées, au-delà des frontières des syndicats et des catégories d'emploi. Nous serons alors dans une situation différente, où l'élan

d'auto-organisation des travailleurs et des travailleuses sera plus fort que jamais. L'impulsion de l'auto-organisation et de l'auto-initiative des travailleurs créera les organes de la démocratie directe nécessaires à une véritable lutte qui mettra les patrons au pied du mur. Enfin, et surtout, notre classe a besoin d'une orientation politique claire, pas seulement pour défendre nos besoins immédiats, mais pour mettre fin à ce système d'exploitation, de misère et de guerre qui menace la vie sur terre. Pour cela, la classe ouvrière mondiale a besoin de sa propre organisation politique, avec des racines dans les lieux de travail. politique, avec des racines dans les lieux de travail et les communautés du monde entier. Une arme puissante de clarté politique, agissant non pas comme une "administration en attente", mais comme le point de référence clair qui peut lutter à l'intérieur de la lutte générale et pointer vers la nécessité d'abolir le travail salarié lui-même. Le jeu est truqué dès le départ pour les travailleurs, et nous devons renverser la table !

Klasbatalo - Tendance Communiste Internationaliste
Thursday, September 8, 2022