Forum social mondial à Montréal

Ou comment pousser un communiste à se frapper la tête répétitivement sur un mur de béton.

L’auteur de cet article est généralement gentil, et ne donne pas facilement dans la condescendance et les remarques sarcastique (du moins quand il écrit). Il est cependant certains évènements qui sont de nature si tragique qu’un mépris agacé et une moquerie pédante reste la seule réponse constructive, les autres alternatives consistant à pleurer dans ses mains ou se fendre le crâne en jetant sa tête contre la paroi bétonnée la plus proche.

Une bien tragique farce

Le Forum social mondial qui a eu lieu en aout à Montréal fait partie de tels moments. C’est le premier à se dérouler dans un pays du « nord ». Il fut sans contredit, un des plus désastreux, autant sur le plan logistique que politique. Mélangeant une série d’évènement allant des monologues de grandes stars réformistes comme Naomi Klein à des ateliers sur la tyrannie secrète des hommes-lézards, en passant par ceux portant sur le potentiel anticapitaliste de la sieste. Bref, nous avions droit à un grand cirque gauchiste, des austères clowns tristes d’ATTAC à l’Auguste clown rouge stalinien.

Tout d’abord, une partie importante du mouvement altermondialiste plaçait ses espoirs dans l’entrée au gouvernement de plusieurs partis de gauche, au Venezuela, au Brésil et en Bolivie particulièrement. Les récents développements au Venezuela et au Brésil montrent bien que le « socialisme du 21eme siècle » est fort peu de chose, un mélange de nationalisme, de développement économique et de régurgitation des politiques de la deuxième Internationale.

De l’autre côté, on voyait une espèce de mouvement néo-hippie citoyenniste, qui, comme un « Frankenstein gauchiste », essayait de vous vendre du café zapatiste en vous cassant les oreilles en jouant de sa guitare mal accordée ou, pire encore, son maudit tamtam. Reprenant les projets du socialisme utopiste et de l’anarchisme proudhonien, des « banques du peuple » rebaptisées micro-crédit aux coopératives et communes, tout fut retenté à nouveau, avec un peu moins d’hygiène que la première fois, et donna les même résultats.

Pour les communistes que nous sommes, baisser les yeux et dire un petit « on vous l’avait bien dit » reste peut-être la seule chose à faire. Dans les premiers cas, n’avons-nous pas déclamé ad nauseam que faire élire un gouvernement de gauche n’équivalait en rien à la véritable prise du pouvoir par la classe ouvrière. Que bâtir le socialisme dans un seul pays était impossible, et qu’en plus prétendre le faire dans un pays ou la bourgeoisie était encore pleinement en possession de ses moyens revenait à un peu plus que du vent. Les récents développements au Venezuela, en Bolivie et au Brésil démontre encore une fois ce qui était déjà connu.

De l’autre côté, on tentait de faire croire que son mode de vie « alternatif » pouvait changer quoi que ce soit ou qu’une entreprise coopérative en plein cœur du marcher capitaliste prouvait « qu’un autre monde était possible ». On prouva surtout que les relations sociales globalisées ne se changent pas le microcosme.

Les tragédies se répétant en une farce, nous avons choisi d’en rire.

Ce n’est pas parce qu’on rit que c’est drôle

Si nous avons décidé de rire, comme nous l’avons dit plus haut, c’est parce que l’alternative est bien pire. Il faudrait mentionner que les organisateurs ont permis, entre confusion politique et inhabilité logistique, qu’un atelier sur le complot « wahabico-sioniste », atelier conspirationniste puant l’antisémitisme, de s’inscrire à la programmation, le retirant à la dernière minute. Entre le contrôle des bureaucraties syndicale, des multinationales de la charité et la confusion conspirationniste rouge-brunâtre, nos rires condescendants restent le meilleur moyen de montrer encore les dents à la gauche du capital, et au Capital lui-même.

Cependant, nos moqueries sont loin d'être du cynisme. Nous préférons soutenir les quelques grèves qui, quelques fois, émaillent la paix sociale, qui, d’autre fois, tentent de rompre avec le contrôle syndical et la logique mortifère du capitalisme. Nous préférons soutenir les milliers de jeunes prolétaires de toutes les couleurs qui affrontent la police au États-Unis, ou les esclaves modernes du système carcéral qui se révoltent et font grève en affirmant leur appartenance à la classe ouvrière, ou les centaines de milliers de prolétaires asiatiques et africains qui se joignent à la lutte du prolétariat. Les communistes ont mieux à faire que de faire les singes au FSM ou dans tous les autres évènements de la gauche capitaliste. Nous laissons nos moqueries au cirque « refo-conspi » (1), notre sérieux est pour la classe ouvrière.

Maximilien, GIO, sept 2016

(1) Note pour les non canadiens : réformiste-conspirationniste.

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Monday, October 3, 2016