On coupe dans les régimes de retraite pour maintenir les profits!

Le capitalisme en veut à nos vieux jours!

Les employéEs municipaux passent au cash!

Les régimes de retraite sont une épine dans le pied des municipalités. Une blessure qu’elles se sont infligées elles- mêmes en ne cotisant pas leur part, mais surtout à cause de l’arnaque financière de 2008. Arnaque légale doit-on dire, qui fait beaucoup plus mal que la corruption, puisqu’ici on parle de milliards de dollars. Tony Accurso apparaît comme un ange à côté de la «mafia légale» financière et bancaire. Le projet de loi 3, véritable légalisation d’un vol des travailleurs et des travailleuses va sabrer dans nos conditions de vie; projet de loi qui fait de Couillard, le «parrain» du Québec.

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Tous les travailleurs et les travailleuses du public comme du privé passent dans le tordeur

On croit que ce sont seulement les régimes de retraite du secteur public qui sont visés. Couillard, l’a bien dit, et avant lui, le ministre des finances du gouvernement Marois avant les élections, l’ultimatum est lancé contre les employéÉs de l’État regroupéÉs en Front Commun: «il faudra être raisonnable». Citons le coach du canadien, ça sera plus clair: «Y sont aussi ben de comprendre!»

Mais, ce n’est pas seulement le secteur public qui est visé. Demandez-le aux employéEs de Rio Tinto, Mapei, Kronos, Bathium, etc. - à la base de leurs conflits il y a les salaires, les sous-contrats et aussi les régimes de retraite. Le gouvernement libéral planifie déjà un projet de loi pour les fonds de pension des employéEs du privé et des employéEs des universités.

La bataille des retraités de Papier Masson dans l’Outaouais

Saluons les 175 retraités du moulin Masson dans l’Outaouais qui mènent une bataille épique contre leurs employeurs et l’État pour protéger leur régime de retraite. Depuis deux ans déjà, ils se sont fait couper la moitié de leurs prestations de retraite. Ils n’ont pas ménagé les expressions de leur colère:

Manifestation sur la route en 2013
Manifestation sur la route en 2013
Manifestation devant l’usine Papier Masson en 2014
Manifestation devant l’usine Papier Masson en 2014

Et d’autres encore: manifestation devant le bureau du député libéral en 2014. Ils ne sont pas seuls, leurs camarades de Stadacona à Québec ont aussi dressé des lignes de piquetage devant leur usine en 2012.

White Birch, que tout le monde connaît maintenant suite aux imbroglios de la vente de ses usines (Papier Masson, Stadacona à Québec et FF Soucy à Rivière-du-Loup) transmet finalement ses actifs à Black Diamond, dont le propriétaire est le fils du propriétaire de White Birch. La famille Brant est célèbre pour ne pas respecter ses engagements envers ses retraités. Perte de leurs maisons, chicane de ménage, dépressions, suicides voilà l’effet des coupures sur les travailleurs et leurs familles. La cause a fait l’objet d’un règlement de l’Assemblée nationale favorisant les retraités; mais la «justice» s’en mêle et un jugement de la Cour supérieure du Québec dans l’affaire Timminco permet à la compagnie de retarder les paiements. Si la restructuration de l’industrie du papier (Résolu/AbitibiBowater, Fraser, White Birch) est à l’origine des compressions des régimes de retraites, ça n’explique pas tout. Nous verrons plus loin quelles sont les causes fondamentales de cette attaque à nos conditions de vie.

Pourquoi donc?

On nous dit que nous n’avons pas les moyens de maintenir les conditions actuelles. Pourtant les riches et les financières continuent d’engranger les profits et de mener la vie de pacha. Est-ce que nos politiciens n’ont pas de volonté ? N’ont pas de courage ? Vous savez déjà la réponse. La classe politique mange dans la main des entrepreneurs quel que soit le parti au pouvoir. Les partis bourgeois (de droite et de «gauche») gèrent un système de corruption légale afin de maintenir une situation économique chancelante.

Aucune économie sur notre planète n’échappe aux conséquences de la crise de 2008. Pourquoi ? Tout le monde sait que pour fonctionner en système capitaliste, une entreprise doit faire des profits. C’est la mort à court terme si elle n’y réussit pas. En plus, il faut que la marge de profit progresse continuellement. Le problème pour nos exploiteurs capitalistes, c’est qu’en tant de crise, le taux de profit chute; le taux de profit des entreprises productrices, on ne parle pas ici des financières. Conséquemment, plusieurs entreprises ferment et comme les actionnaires abandonnent les moins rentables s’il n’y a plus d’argent à faire, ils crissent le camp. Comme une majorité d’entreprises sont touchées, les capitalistes et leur État appliquent un remède de cheval. Leur seule alternative est de baisser les coûts de production et de service. La seule manière de le faire est de couper les conditions de travail: les salaires, les compressions de postes et les régimes de retraite sont les avenues les plus payantes pour maintenir une marge de profit acceptable. Et l’État est là pour montrer l’exemple et aider le secteur privé: c’est ce qu’on appelle l’austérité. Les pays qui ont appliqué l’austérité de façon intensive sont aussi ceux où le taux de profit s’est le mieux maintenu. Mais ce sont aussi les endroits où la classe ouvrière a le plus souffert.

Que peut-on faire ?

Nous sommes souvent dans le déni. On se dit que ça va aller mieux. Mais chaque jour nous démontre le contraire. C’est tellement lourd cette attaque contre nos conditions de vie que c’en est déprimant. En général, les gens ont peu d’espoir de s’en sortir. Ça demande des énergies incroyables et un moral à toute épreuve pour seulement se défendre, même pas pour améliorer nos vies. Pourquoi est-ce qu’ils ont tous les moyens de nous imposer cette vie d’esclave ? En fait la question serait plus pourquoi, vu que nous sommes plus nombreux, on ne pourrait pas gagner quelques batailles ? Vous avez la réponse: on n’est peu et mal organisé et eux le sont puissamment: lois, médias, justice, partis politiques, police, armée, etc. Nous, on n’a rien. Les syndicats ? Même si plusieurs d’entre nous y croient encore, force est d’admettre qu’il y a longtemps qu’ils n’ont pas été à la hauteur, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce n’est pas assez pour garder ce qu’on a déjà. On n’a même pas un semblant de parti politique de la classe ouvrière! Pas étonnant qu’on ressente ce fardeau, cette chape de plomb qui nous empêche de nous organiser et de riposter.

S’organiser, ça veut dire quoi ?

Les retraités de Papier Masson se battent tout seul. Les grévistes de Bathium se battent tout seul. Les employéEs municipaux sont regroupéEs, mais dans un seul secteur. Mapei se battait tout seul. Kronos se battait tout seul. Les syndicats, avec leur rivalité, nous isolent davantage qu’ils nous unissent. Pourtant il y a un exemple de solidarité récente et relativement plus victorieuse. Les étudiantEs et les travailleurs et les travailleuses lors de la grève de 2012 se sont solidariséEs dans les manifestations et les défilés de casserole et ont fait quelques gains, ont réussi à casser la loi 78, à crisser les libéraux dehors et à mettre fin à la carrière de Charest. Le mot clé: lutte des classes, autonomie ouvrière, anticapitalisme – plus jamais seulEs!

Le Groupe internationaliste ouvrier
Section de la Tendance communiste internationaliste
Friday, September 19, 2014